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Peines de Maures / Arc-en-ciel pour Daltoniens

article de Binouze , publié le 10 février 2006 à 00:29
Bon, on cherchait l'album français de l'année, et on l'a trouvé. Les frangins de Noisy le keus, Hi-Tekk et Nikk fury nous auront fais attendre, mais ça en valait le coup. Asphalte Hurlante, leur premier album (2001) avait plus ou moins concrétisé l'émergence de la nouvelle scène française et ses influences plus variées, caractérisé par les TTC, James Delleck et co. Eh oui, ça annonçait l'arrivée de perles comme Cadavre exquis (l'armée des 12), le magnifique Buffet des anciens élèves, bâtards sensibles, et bien sur ce double album Peine de Maures/Arc-en-ciel pour daltoniens. A noter leur association en 2002 avec château flight (crash test) qui avait bien marché et leur avait permis de se faire connaître à l’étranger.


Petite mise en contexte. La caution, c'est de la projections d'images de toutes natures, des métaphores tenaces, un discourt militant qui ne tombe pas dans la facilité, ce qui est si fréquent dans le genre. Hi tekk vomit son flow lourd et roque, s'adonne volontiers à la déstructuration pour créer des phases étonnantes. Nikk Fury, lui, à l'inverse du rouleau compresseur qu'il a pour frère, évolue avec agilité et une sublime aisance lyricale. Sans trop s'avancer on peut admettre facilement qu'il fait partie de la crème des MC techniques. Quand nikk prend le mic, les syllabes pètent de partout, les intonations écrasent les beats tellement ils sont appuyés. Sprinter du Mic, il boucle son couplet en 2 inspirations (pour exemple, on peut citer "souvent" et "casquette grise" de premier opus). Bref, vous l'aurez compris, ces deux là ont de la ressource. A un tel point que le style est même apprécié par les non francophones : les intonations et consonances étant très travaillées, on peut apprécier le tout sans se soucier des paroles (mais bon, ce serait tout de même très dommage).
Bon, on cherchait l'album français de l'année, et on l'a trouvé. Les frangins de Noisy le keus, Hi-Tekk et Nikk fury nous auront fais attendre, mais ça en valait le coup. Asphalte Hurlante, leur premier album (2001) avait plus ou moins concrétisé l'émergence de la nouvelle scène française et ses influences plus variées, caractérisé par les TTC, James Delleck et co. Eh oui, ça annonçait l'arrivée de perles comme Cadavre exquis (l'armée des 12), le magnifique Buffet des anciens élèves, bâtards sensibles, et bien sur ce double album Peine de Maures/Arc-en-ciel pour daltoniens. A noter leur association en 2002 avec château flight (crash test) qui avait bien marché et leur avait permis de se faire connaître à l’étranger.

Petite mise en contexte. La caution, c'est de la projections d'images de toutes natures, des métaphores tenaces, un discourt militant qui ne tombe pas dans la facilité, ce qui est si fréquent dans le genre. Hi tekk vomit son flow lourd et roque, s'adonne volontiers à la déstructuration pour créer des phases étonnantes. Nikk Fury, lui, à l'inverse du rouleau compresseur qu'il a pour frère, évolue avec agilité et une sublime aisance lyricale. Sans trop s'avancer on peut admettre facilement qu'il fait partie de la crème des MC techniques. Quand nikk prend le mic, les syllabes pètent de partout, les intonations écrasent les beats tellement ils sont appuyés. Sprinter du Mic, il boucle son couplet en 2 inspirations (pour exemple, on peut citer "souvent" et "casquette grise" de premier opus). Bref, vous l'aurez compris, ces deux là ont de la ressource. A un tel point que le style est même apprécié par les non francophones : les intonations et consonances étant très travaillées, on peut apprécier le tout sans se soucier des paroles (mais bon, ce serait tout de même très dommage).


La recette : stylo, samplers et thé à la menthe

Musicalement, La Caution affectionne depuis toujours donner des dimensions éléctro (2 step, drum, techno, boîte à rythmes et divers synthés) originales. Du temps où l'on me conchiait pour passer GameOver99 dans la voiture, on aurait remplacé "originale" par "incongrues", "inappropriés" ou mieux "absurde". Mais depuis la hype discutable et discutée développée autour de TTC, les mentalités semblent avoir évolué, et c'est tant mieux pour la création musicale. Eh oui, dans le rap c'est risqué de changer le tronc commun, car le côté puant de la "rapocrédibilité" empêche souvent l’artiste de trouver son publique. Car si encore beaucoup de gens "écoutent du son pour les autres", ces derniers ont très souvent des goûts de chiottes (paf).


Avant de commencer, je voulais préciser que l'ordre des pistes n'est pas le même que celui de l'album paru, l'ayant rippé à l'arrache.



Comme une ballade en voiture mais dans le coffre !


On commence donc par Peines de Maures qui pour moi caractérise bien la caution tel que l'on les connaît : des instrus efficaces et des textes imagés. Player met tout de même les choses au point, on aura des beats sauvages sortis de la funktrashelectro du début des 80'. Morceau accrocheur et dégageant une odieuse mais délicieuse arrogance. On laisse passer 2 tracks et arrive une des boucheries de l’album : monde libre. Quelques notes hésitantes de piano laissent rapidement place à un rif entraînant de guitare électrique qui se voit ensuite s’enrichir d’une bonne basse et d’un bon couplet frappant l'oreille de pleine face. On retiendra l’intervention puissante d’Hi-tekk : "C’est le prototype d’un monde parfait libre, sans haine, sans violence, sans toxine, sans drogue, sans viande, sans clone.. Mais n’oubliez jamais que libre veut toujours dire qu’il y a de l’interdit dans l’air". Bonne pioche également pour Bancs de Poisons, où la pair nous expose une bien belle palette de flows.
Re-claque avec Peines de Maures et sa boîte à rythme d’une efficacité redoutable. Morceau dédié à toutes ces absurdités dites et faites sur l’Islam ces derniers temps. Exercice plus que périlleux mais plutôt bien accomplis car ne tombant pas dans les clichés extrémistes si communs. Ce qui nous donne une track crédible qui laisse réfléchir. Les samples qui ponctuent le morceau pose l’ambiance : "La détresse d’un père, son enfant vient de mourir", "Que soit maudits vos soldats et votre embargo, il est mort d’un rhume, juste un rhume". Attention, changement de paysage avec Revolver. On se rappelle que La Caution, ça vient du 93, et que c’est tout de même du rap, avec son lot de cités et de keufs. En featuring avec leurs fidèles émules, les cautionneurs, ça reste une bonne tuerie.
Puis, on atteint le point culminant de la galette avec Thé à la menthe. Il est possible que l’instru vous parle car c’est la même que dans Ocean twelve, pendant la danse des lasers de notre Vincent Cassel national. Ce morceau ce veut l’album photo de l’enfance des frangins : raï, bottes en plastique rouge (je les ai eu aussi, affreux) et bac à sable. On y trouve de bonnes phases : "Le coiffeur ne savait même pas encore que j’existais, mais soit sur que le premier qui nous a vu s’est désisté". Morceau phare de l’album.
Récit imagé d’une soirée en boîte qui ressemble à beaucoup d’autres avec Club de Gym avec ses players, ses losers et ses bitches. Majeur à l’index fait un bel echo avec de l’index à l’annuaire issu d’asphalte hurlante. Et pour finir, un résumé des journées décalées des non-actifs avec chômage, voiture et nuit blanches.


Ouf comme boire une bière bio !

Sur Arc-en-Ciel pour Daltoniens, on privilégie l'innovation et la création. On ouvre avec un connasses bien rythmé et éléctro qui nous avertit de la claque qui arrive : code barre. Une référence en "Boooom - Clap, Boom-Clap" qui confirme le côté industriel et "en série" que suggère le titre. Ce morceau apparaît notamment sur l'excellente compile future sound of Hip-Hop (ce qui est plutôt cohérent par rapport au nom).
Petit clin d’œil à la génération gamer avec arcade et son refrain sympa "haineux, bizarre, t'aimes les trucs, super nintendo, sega, genesis, play deux, dreamcast et gamecube, tu persistes et causes des dégâts des rétines". On retient ensuite antimuse, qui grille définitivement ces pouffes superficielles et doublement futiles. Pour la peine, nikk se permet même de pousser la chansonnette au refrain. Un morceau qui vous motivera dans vos matins embrumés avec je te hais, attachant par son sens de l'absurde : "je te hais, plus que tu ne t'aimes, je m'aime beaucoup plus que tu me hais". A noter, livre de vie qui résume une existence sous forme de bouquin, original par son étrange schéma technique qui brouille les repères de l'auditeur en floutant les différentes boucles. Vient ensuite la track principale de ce deuxième album Arc-en-ciel pour daltoniens qui ne dégage pas grand chose au niveau lyricale mais qui s'éclaire au fur et à mesure des écoutes.


Pour finir, on peut prévoir que cet album marquera le Rap français pour un bon bout de temps. La patience s’est avérée plus que payante quand on écoute ce bijou. On peut regretter quelques lourdeurs et des passages un peu trop perchés mais ça reste dans l’ensemble un superbe album. Ils ont magnifiquement relevé le pari risqué de faire un double album (31 pistes) à 15€, sans faire de concession sur leur style, sans matraquage publicitaire et sans passer sur skyrock. De toute façon, c’était complètement incompatible avec cette dernière option. Bref : avis à tous les blasés de rohff et co, aux allergiques du style et tous ceux qui recherchent des choses nouvelles, cet album est fait pour vous.
Bonnes émeutes à tous. Binouze.

Site Officiel
Achat (15€ !)


Discographie :

1999 – Les rues électriques (maxi)
2000 – L’antre de la folie (mix tape)
2001 – Asphalte hurlante (album)
2002 – Crash test (en collaboration avec château flight)
2003 – Cadavre Exquis - L’armé des 12 (avec TTC et Les cautionneurs)
2005 – Peines de Maures / Arc-en-ciel pour daltoniens


Extraits :

- Le clip de Code barre
- Club de gym
- Instru Thé à la Menthe
- Thé à la menthe
- Monde Libre


Concerts :

- 18 novembre à Rennes (L'Ubu)
- 19 novembre à Trappes (Merise)
- 25 novembre à Pau (L'Ampli)
- 1er décembre à Paris (Nouveau Casino)
- 21 décembre à Bruxelles (La Rotonde)
Et en tournée en France à partir de janvier 2006.
article de Binouze — publié le 10 février 2006 à 00:29
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Super article Binouze.
Le 25 novembre à Pau : je l'ai eut dans le cul là je crois.Merde.


C'est mon idée la glue dans les lance-flammes.
vendredi
10 février 2006, 14:20
 
 


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# 22:25:52
(plantmann) Sinon depuis quelques jours, j'ai attaqué X-com 2 : ben j'aime bien. Il est dur, mais pas injuste, et il est facile à prendre en main.
# 22:24:24
(plantmann) J'ai lâché à la mission dans le quartier englouti, on basculait trop de l'infiltration à l'action à mon goût (et moi j'aime surtout le côté "puzzle" de l'infiltration)
# 22:23:39
(plantmann) J'ai pas joué à Thief (j'en avais pourtant entendu plutôt du bien, mais il date effectivement) mais Dishonored m'a beaucoup plu, même si je ne l'ai pas fini
# 14:51:37
(Akshell) ça ne marche pas du tout.
# 14:51:27
(Akshell) ils ont voulu créer un "body awareness", le mouvement effectué s'adapte à la positon du perso, mais ce n'est pas très bien géré, tu te mets à couvert quand tu veux dash dans une ombre, tu te retrouve bloqué quand tu veux sauter dans le vide.
# 12:01:49
(hohun) 10:58:21 j'y ai joué récemment, et je l'ai lâché en cours de route, c'était pas mauvais mais passé les premières visites dans le monde on se lasse. C'était bizarrement lourdingue
# 10:58:21
(Akshell) J'ai commencé Thief, que j'avais préacheté en collector en 2014... bah, ouais la série était déjà morte totalement tuée par Dishonnored qui l'éclate sur tous les points.
# 20:09:11
(hohun) le club des boomers
# 19:49:41
(hohun) en parlant de 10 ans de retard, je viens juste de me mettre à divinity original sin...
# 19:37:47
(plantmann) Sinon en ce moment, je joue (avec 10 ans de retard, comme d'habitude) à Ori and the blind forest, ben je vous le conseille, c'est un très bon plateforme, avec plein d'option de mouvement sympa qui le rende très dynamique, et la DA est superbe
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