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Le miracle chinois

article de CaptNCook , publié le 04 mars 2006 à 16:23
Ça a commencé au début des années 90, quand la Chine a commencé à privatiser les entreprises d'Etats. Des millions de licenciés déchus de tous les avantages acquis du salariat. On les appelle les «xiagang». Le terme signifie aujourd'hui «chômeur». Ils sont voués à occuper les petits boulots dangereux et mal payés.

Cependant il y a pire, les «mingong», ouvriers-paysans; ils affluent dans les villes à la recherche d'un moyen de subsistance et sont déterminés à trouver l'Eldorado dans les grandes villes. Le parti a oublié d'abolir les lois les obligeant à rester dans leurs misérables campagnes. Ils sont donc sans-papiers dans leur propre pays.
Ça a commencé au début des années 90, quand la Chine a commencé à privatiser les entreprises d'Etats. Des millions de licenciés déchus de tous les avantages acquis du salariat. On les appelle les «xiagang». Le terme signifie aujourd'hui «chômeur». Ils sont voués à occuper les petits boulots dangereux et mal payés.

Cependant il y a pire, les «mingong», ouvriers-paysans; ils affluent dans les villes à la recherche d'un moyen de subsistance et sont déterminés à trouver l'Eldorado dans les grandes villes. Le parti a oublié d'abolir les lois les obligeant à rester dans leurs misérables campagnes. Ils sont donc sans-papiers dans leur propre pays.

Ils sont sans-papiers dans leur propre pays
Pour la plupart, ils ne sont pas déclarés par leurs employeurs; alors on ne sait pas trop combien ils sont.
Un chercheur de l’Ecole des cadres du Parti a mené une enquête dans le Sichuan et le Zhejiang sur la situation des «mingong» et estime qu'ils sont entre cent et deux cents millions. Beaucoup n'ont jamais vu la couleur d'une fiche de paie et sont rackettés lorsqu'il cherchent à se loger ou à placer leurs enfants à l'école.
Ils occupent principalement les postes du secteur secondaire. Ils représenteraient près de soixante-dix pour cent des travailleurs dans le secteur manufacturier et quatre-vingt pour cent dans le BTP.
Les plus jeunes se retrouvent employés dans les services. Représentant plus de la moitié des emplois du secteur, ce chiffre atteint près de quatre-vingt-dix pour cent dans la restauration.
Le revenu moyen des ouvriers-paysans est moitié moins important que celui d'un ouvrier urbain occupant un poste équivalent (environ soixante cinq euros par mois). Ils travaillent 13 à 14 heures par jour au lieu de huit et n'ont qu'un seul jour de repos par mois, logeant le plus souvent sur leur lieu de travail, faisant de leur employeur un véritable maître.
Une infime minorité des ouvriers migrants bénéficie de la protection sociale car très peu d’entre eux cotisent à un régime de protection.
Les raisons ? Peu d’entreprises souhaitent cotiser et la mobilité des ouvriers-paysans reste importante.
Il faut ajouter à cela le fait que le chômage est très élevé, que l'écart de revenus entre les citadins et les ruraux est très important et s'accroît de plus en plus.
L'école, bien qu'obligatoire, est payante (elle coûte chère et encore plus à la campagne) et beaucoup de familles ne peuvent financer les études de leurs enfants.

Le miracle chinois ne repose donc pas sur des bas salaires mais sur des salaires rendus artificiellement bas par cette exploitation massive. Ces laissés-pour-compte représentent en réalité la base de l'économie chinoise.
Si la main d'oeuvre n'était pas aussi abondante et les salaires si bas, la Chine serait beaucoup moins compétitive. «Autrement dit, la Chine réalise le rêve néo-libéral tel qu'il ne peut être appliqué dans les pays développés, la possibilité de faire baisser tous les prix !», explique Philippe Cohen, co-auteur avec Luc Richard du livre La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? Les dégâts du libéral-communisme en Chine et dans le monde (Mille et une nuits, 15 euros).

La grande illusion
Les néo-libéraux, en s'appuyant sur les modèles coréen et japonais, affirment que la croissance va améliorer la situation de la population chinoise.
Après une phase de décollage économique, il a fallu une seule génération pour que les salaires des ouvriers de ces deux pays rejoignent à peu près ceux des pays occidentaux.
Pourtant, il y a deux différences majeures entre ces modèles et la Chine : la taille du pays et le fait que la Chine soit une dictature. La Chine n'est pas une économie de marché et le Parti mène le pays d'une main de fer. C'est pourquoi les salaires peuvent être maintenus à un niveau si bas.
Le Parti dispose d'un certain nombre de leviers lui permettant de contrôler l'exode rural. En effet, c'est lui qui fixe le prix des matières premières. Ainsi, si les prix des produits agricoles sont élevés, les paysans resteront dans leurs campagnes tandis que dans le cas de prix faible, ils partiront vers les villes.

Il est faux de croire que l'économie de marché instaure obligatoirement la démocratie. La Chine en est un parfait contre-exemple. L'économie de marché fonctionne parfaitement dans ce pays dictatorial. On le sait depuis longtemps, la dictature de Pinochet au Chili a été la première a expérimenter le modèle néo-libéral avec l'aide des économistes de la célèbre Ecole de Chicago.
De plus, il est à noter que depuis que la Chine a rejoint l'Organisation Mondial du Commerce, les libertés publiques ont diminué.

En réalité, la sociologie de la Chine fait que le gouvernement se montre très réticent à toute avancée démocratique.
En effet, les paysans ne voteraient sûrement pas pour le Parti communiste. Or, la campagne représente 900 millions de Chinois. C'est d'ailleurs sans doute à cause de cette menace politique que le gouvernement veut faire partir 400 millions de paysans vers les grandes villes.

En fait, la Chine moderne qui se développe, telle qu'on nous la montre à la télé, est limitée aux régions côtières.
A l'intérieur des terres, la Chine reste un pays du tiers monde dont la situation s'aggrave. Ce qui n'a rien de surprenant étant donné que l'économie est fondée sur l'exploitation de la population issue de la campagne, appauvrie volontairement par le gouvernement.
Le régime dépense peu d'énergie dans l'éducation et le niveau scolaire des étudiants, même ceux des grandes écoles, est faible.
De récentes études soulignent la déscolarisation croissante et si on constate malgré tout une augmentation du nombre d'étudiants, beaucoup d'entre eux partent du pays pour ne jamais revenir.

Sources de l'article

Le recensement des mingong
Ces esclaves qui font tourner la Chine (article de Marianne)
Interview de Philippe Cohen et Luc Richard


Compléments de l'article

Les écoles mingong


article de CaptNCook — publié le 04 mars 2006 à 16:23
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Ceacy
#1 Me, Myself and I

Gloups. C'est marrant, il n'y a pas grand monde qui en parle, lorsque vient sur la table le sujet de la Chine. Un peu comme les Intouchables d'Inde : ils existent, mais tout le monde l'ignore ou s'en moque.
La grippe aviaire, par contre, c'est un vrai débat de société.


samedi
04 mars 2006, 16:27
 
 

Et voilà !!! maintenant nos amis chinois n'ont plus accès à ce site !
J'espère que tu es content de toi !


"World goin' one way, people another" Poot - The Wire
samedi
04 mars 2006, 18:14
 
 

Tr3P
#3 Eleveur de fanboys

Ceacy a écrit :
La grippe aviaire, par contre, c'est un vrai débat de société.

Non, c'est un problème éventuellement de santé publique.
Dites, sur les sites africains ou chinois, ils font des articles où ils parlent des pauvres gamers des pays riches qui sont obligés de passer des heures et des heures devant wow en ne mangeant que de la junk food?
Ca aussi c'est triste. Y a plein de trucs tristes juste ici. Mais ça fait nase, ça fait pas assez réver, ça fait pas assez exotique. Là par contre, ton article, Captn il a de la gueule, on voyage et en plus on apprend des choses. Bon après il faut passer dire en comment qu'on est des connards de sales riches à pas faire qq choses pour ces pauvres chinetoques... mais on a rien sans rien.
Donc : ah oui quelle misère ces gens et nous, ouamdulés de riches, on mange du foie gras. On est vraiment des connards.


ouamdou ackbar
samedi
04 mars 2006, 19:44
 
 

"Bon après il faut passer dire en comment qu'on est des connards(...)"

Pas mal.


samedi
04 mars 2006, 21:47
 
 

Rien sur les dissidents politiques qui sont en prisons pour avoir blogger ou google qui bride son moteur de recherche pour s'implanter en Chine?
Qui a peur des métaphores?


dimanche
05 mars 2006, 04:33
 
 

Ou de HK qui s'est méchament appauvri depuis sa retrocession?


.the .product will make you .happy!
dimanche
05 mars 2006, 13:32
 
 

kaplan
#7 Joe Le Mérou

Je ne vois pas trop le rapport entre vos commentaires et l'article en question, que je trouve très intéressant.
Vous vouliez que Cpt résume en 15 lignes l'ensemble des thématiques en rapport avec la Chine ?
C'est un peu ridicule, non ? (je met le point d'interrogation, juste pour la forme)


"Just because you're paranoid doesn't mean they aren't after you."
Joseph Heller
dimanche
05 mars 2006, 23:47
 
 

reblochon
#8 BitTorrent

Ca me rappelle le reportage que j'avais vu sur les coreens du nord qui vivaient en chine dans des terriers pour ne pas se faire choper.

Plus on est de fou, moins il y a de riz.


«Take a kayak ! Take a kayak !»
lundi
06 mars 2006, 03:45
 
 

Gatling
#9 Luxator

Je pense que tout ça, de toute manière, c'est à cause de ses putains d'admins et de chauves (cons et maigres, et je te parle même pas du fait que ce sont des losers seuls et puants).

Bon voilà, ça, c'est fait, à moins que je n'ai rien compris ce qui est fort probable.


lundi
06 mars 2006, 12:29
 
 


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# 19:44:26
(hohun) 15:24:24 et pas un bobo, franchement les gamins sont en mousse
# 15:24:24
(carwin) Ma région a du talent [url]
# 22:25:52
(plantmann) Sinon depuis quelques jours, j'ai attaqué X-com 2 : ben j'aime bien. Il est dur, mais pas injuste, et il est facile à prendre en main.
# 22:24:24
(plantmann) J'ai lâché à la mission dans le quartier englouti, on basculait trop de l'infiltration à l'action à mon goût (et moi j'aime surtout le côté "puzzle" de l'infiltration)
# 22:23:39
(plantmann) J'ai pas joué à Thief (j'en avais pourtant entendu plutôt du bien, mais il date effectivement) mais Dishonored m'a beaucoup plu, même si je ne l'ai pas fini
# 14:51:37
(Akshell) ça ne marche pas du tout.
# 14:51:27
(Akshell) ils ont voulu créer un "body awareness", le mouvement effectué s'adapte à la positon du perso, mais ce n'est pas très bien géré, tu te mets à couvert quand tu veux dash dans une ombre, tu te retrouve bloqué quand tu veux sauter dans le vide.
# 12:01:49
(hohun) 10:58:21 j'y ai joué récemment, et je l'ai lâché en cours de route, c'était pas mauvais mais passé les premières visites dans le monde on se lasse. C'était bizarrement lourdingue
# 10:58:21
(Akshell) J'ai commencé Thief, que j'avais préacheté en collector en 2014... bah, ouais la série était déjà morte totalement tuée par Dishonnored qui l'éclate sur tous les points.
# 20:09:11
(hohun) le club des boomers
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